La construction de la voix de la domestique en rapport et en lutte avec les mots d'autrui: trois cas à étudier chez Octave Mirbeau

Abstract

Avec une longue tradition qui vient de la commedia dell’arte, la servante a toujours été un personnage « autre », qui représente indéniablement l’altérité en termes de classes sociales. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, en France, ce personnage « accède au roman », pour reprendre le terme des Goncourt et, de ce fait, les modes de le représenter et les manières de le « faire parler » ont été l’objet de diverses discussions dans le cadre de la controverse esthétique et politique autour de la représentation littéraire des pauvres et des marginaux. Entre 1885 et 1900, l’écrivain et polémiste Octave Mirbeau a souvent choisi des personnages de servantes pour être les protagonistes de ses oeuvres, avec un clair objectif politique de dénonciation. Cet article se propose de retracer le chemin de l’auteur à travers l’analyse de quelques cas d’interaction avec les mots d’autrui qui s’opèrent dans la voix de ces servantes protagonistes.